🥩 Le rapport du CIRC et de l'OMS sur la consommation de viande : les vrais dangers
PAR ELOÏSE MAILLOT.

La consommation de viande n'a jamais fait autant débat, ou plutôt sa non-consommation. Plus récemment lors de la décision du maire EELV de Lyon, Grégory Doucet, qui a souhaité passer provisoirement tous les menus des enfants à la cantine en repas pesco-végétariens (sans viande mais avec du poisson, du lait et des œufs), pour une courte période liée au confinement, le débat idéologique a tourné à l'affrontement général, à la peur d'une menace de la dictature de l'assiette et de la pensée, dans lequel les végétariens se sont faits comparer à Hitler sur Sud radio - lui-même végétarien - jusqu'aux idées reçues sur l'aspect nocif de ce 'régime' pourtant plébiscité par de plus en plus de très grands sportifs (Lewis Hamilton, Kyrie Irving, les soeurs Williams, Carl Lewis, Patrick Baboumian et Djokovic pour ne citer qu'eux...). Une seule réponse : les études scientifiques.
Et celle du CIRC remontent à 2015. À la rentrée 2021, une école australienne entièrement végétalienne et offrant des repas vegan pour les enfants de 3 à 6 ans, ouvrira ses portes. L'hôpital Hayek à Beyrouth, a décidé le 1er mars de ne servir dorénavant que des repas 100% végétaliens, à ses patients. Le Hayek Hospital fera t-il figure de pionnier dans le domaine de la santé ? Les initiatives vegan à l'international se multiplient désormais, et pas que dans la mode ou la beauté, mais dans la recherche, l'éducation, la santé, tous les secteurs sont touchés.
Et c'est ce qu'affirme George Hayek, un des fondateurs de l'établissement libanais, déclarant vouloir soigner les causes des maladies de ses patients et non uniquement les symptômes. Le problème principal ? La viande, et notamment la viande transformée, dangereuse pour la santé selon le rapport de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) datant d'octobre 2015, suite à l'enquête du CIRC (Centre Internationale de la Recherche sur le Cancer). Un résumé des évaluations finales est disponible en ligne dans The Lancet Oncology.
Toujours selon l'OMS, la définition de la viande transformée est de la viande contenue dans les " hot-dogs (saucisses de Francfort), le jambon, les saucisses, le corned-beef, les lanières de boeuf séché, de même que les viandes en conserve et les préparations et les sauces à base de viande. " Et la viande rouge - cuite ou crue - « probablement » aussi.
Le CIRC - 22 experts de 10 pays différents - a ainsi évalué plus de 700 études épidémiologiques concernant la viande rouge et plus de 400 études épidémiologiques attachées à la viande transformée.
Il s'est penché sur la consommation de ces deux types de viande, car ces études épidémiologiques laissaient entendre que les légères augmentations du risque de plusieurs cancers pouvaient être associées à leur forte consommation, les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI), voyant leur consommation augmenter, " bien que certaines agences sanitaires recommandent déjà de limiter la consommation de viande, ces recommandations visent essentiellement à réduire le risque d'autres maladies." toujours selon le CIRC, à la recherche de " preuves scientifiques faisant autorité sur les risques de cancer associés à la consommation de viande rouge et de viande transformée. "
Pour rappel, le CIRC évalue les données disponibles sur les causes du cancer, mais ne formule pas de recommandations sanitaires, tâche qui relève des gouvernements et de l'OMS en terme de directives nutritionnelles, ce que l'Organisation Mondiale de la Santé a fait concernant la consommation de viande rouge, depuis 2002.
La consommation de viande rouge a d'abord été classée comme probablement cancérogène pour l’homme (Groupe 2A). Il s'agit ici principalement des risques de cancer colorectal. Une association positive entre les deux a été observée mais n'exclut pas d'autres causes, ce qui semble en revanche confirmé dans le cas de la viande transformée.
Ainsi, celle-ci, à l’instar du tabac et de l'amiante, a été classée cancérigène dans le Groupe A1 car les indications récoltées peuvent établir le lien entre leur consommation et la hausse de certains cancers, notamment le cancer colorectal à nouveau, mais également le cancer du pancréas et le cancer de la prostate. Et de préciser le CIRC, que " cela ne signifie pas qu'ils sont tout aussi dangereux (ndlr : que le tabac et l'amiante) ", l'évaluation devant se faire aussi au niveau du risque encourue. Sans compter l'augmentation du risque de décès par maladie cardiaque, par diabète et autres maladies, si on en consomme trop : " chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée tous les jours augmente le risque de cancer colorectal de 18% environ."
Selon les estimations les plus récentes du Global Burden of Disease (GBD) Project, organisme de recherche universitaire indépendant, 34 000 décès par cancer par an environ dans le monde sont imputables à une alimentation riche en viandes transformées. Le nombre pourrait monté jusqu'à 50 000 morts par an selon d'autres critères. En comparaison : 1 million de décès par cancer par an environ à l'échelle mondiale imputables à la consommation de tabac, 600 000 à la consommation d'alcool, et plus de 200 000 à la pollution atmosphérique.
Les composants chimiques nocifs pour l'humain présents dans la viande, se formeraient lors de son processus de transformation ou de sa cuisson.
Mais que disent les études sur l'alimentation végétale ? Suite au prochain épisode.
Eloïse Maillot